Il aura donc fallu attendre cinq mois pour un vrai tour d’honneur qui coïncide, crise du Covid oblige, au grand retour parmi le gratin du hockey « noir-jaune-rouge » : assuré d’accéder à l’élite nationale belge début avril, suite à l’arrêt des championnats acté par la Fédération, l’Old Club de Liège retrouve le chemin de la compétition, ce vendredi (20h30), avec la venue de la Gantoise sur le site de Rocourt, l’occasion de fêter à la fois cette promotion et cette redécouverte d’un autre monde, 11 ans après l’avoir quitté.
La crise sanitaire a beau avoir tout écaché et retourné nos habitudes, nos émotions, c’est une « rentrée de champions » – même s’il n’a pas décroché les lauriers – que s’accorde l’Old Club de Liège, une soirée au plus près des étoiles qui raconte à sa manière l’histoire qui s’écrit depuis deux ans maintenant à Rocourt. « Il y a de l’excitation », confirme Yannick Domken, l’assistant coach de l’équipe sang et marine. « Le groupe a énormément travaillé depuis un mois et demi afin d’être prêt, il a donc hâte de se lancer dans cette grande aventure. »
Comme pour tous les sportifs, amateurs ou professionnels, le spectre du coronavirus est venu bousculer de ses angoisses une préparation que personne ne peut qualifier de parfaite ou idéale, mais cela n’a pas empêché le team d’assurer l’essentiel : « C’est un collectif qui s’entend merveilleusement bien, qui vit beaucoup de choses sur et en dehors du terrain. S’ils ont dû apprendre à vivre séparément, les joueurs ont pris très au sérieux le fait de s’entraîner de manière individuelle pour se retrouver dans des bonnes conditions physiques à la reprise, les premiers tests en la matière nous ont agréablement surpris. » Le rythme et l’intensité ont évolué – de trois à quatre entraînements par semaine, avec des séances de plus de deux heures trente –, pour satisfaire aux exigences d’un championnat qui nécessite d’autres repères, d’autres convictions. « Entre la division 1 et la division d’Honneur, l’écart est énorme, on est confronté aux meilleurs du pays, voire carrément d’Europe », confirme Yannick Domken. « Nous avançons avec nos forces et nos faiblesses. Il y aura forcément un manque d’expérience puisque les gars vont découvrir la compétition. Et il va falloir réapprendre à perdre, à gérer la crispation et le stress que peuvent engendrer des résultats plus négatifs. Ce sera à nous de bien analyser les événements, de nous servir des bonnes choses, des bonnes périodes pour évoluer au fil de la saison et grandir. Car nous avons aussi des armes pour embêter quelques adversaires. La formule inédite de la compétition nous est peut-être favorable, nous avons l’occasion de croiser le fer avec tous les autres, ce qui est toujours agréable quand on est compétiteur dans l’âme, avant d’avoir un deuxième tour qui nous promet soit les playoffs soit les playdowns. Le maintien demeure la priorité, mais si on peut viser plus haut, on ne s’en privera pas. »
José Brasa, le guide
Après deux montées successives – tant en outdoor qu’en indoor ! –, l’Old Club de Liège peut, il est vrai, se reposer sur un bel engouement et une franche cohésion au sein de son noyau, une success-story axée autour de la venue d’un homme : José Brasa. Le coach espagnol, qui a remporté la médaille d’or des Jeux olympiques de Barcelone (1992) avec la Roja féminine, est parvenu à fédérer toute l’équipe autour de ce projet un peu fou. « Tout le monde y a adhéré dès le début à 300 % », confirme le bras droit du tacticien hispanique. « C’est un groupe réceptif qui ne demande qu’à bosser pour s’améliorer. José a d’abord revu toutes les bases techniques, avant de développer davantage l’aspect tactique du jeu. Les exercices ont pu paraître répétitifs, rébarbatifs même, mais on a pu s’apercevoir qu’il y avait une vraie ligne directrice derrière tout ça. Honnêtement, je ne me voyais pas monter tout de suite en division d’Honneur après la promotion en D1. Mais pour lui, il était clair dès le début que c’était possible. Et, dans son sillage, tout le monde s’en est alors convaincu. » Revenu à Rocourt il y a cinq ans, l’ancien hockeyeur sang et marine – il a connu la Division 1 et la dernière expérience en division d’Honneur – se satisfait de son choix, il a lui-même demandé à devenir T2 afin d’apprendre aux côtés d’une personnalité expérimentée. « Ce ne fut pas toujours facile au commencement », reconnaît-il. « Car je suis dans le coaching depuis que j’ai 14-15 ans, j’ai ma manière de travailler et mon caractère. Mais nous avons trouvé notre équilibre. Je peux apporter mon vécu. José est quelqu’un qui va parler positivement avec les joueurs. Moi, je suis davantage dans l’aspect motivation. C’est tout le staff qui collabore très bien. »
Un élan, cela s’entretient, c’est pourquoi le matricule liégeois a décidé de maintenir sa confiance aux héros de ces deux dernières saisons pour dresser bien haut l’étendard principautaire sur la plus belle des scènes nationales ; il n’y a donc eu que quatre arrivées – dont les retours de Jérémy Chêne et de Nicolas Kleinkenberg – durant le mercato d’été. « Les nouveaux que sont Corentin Geurts et Victor Van Erkel nous ont en fait proposé leurs services. Et la greffe a tout de suite pris, nous étions, il est vrai, déjà convaincu de leurs qualités, mais aussi de leur mentalité, qui colle parfaitement avec notre état d’esprit collégial. »
Young Kruyts, In Sud Presse, vendredi 11 septembre 2020.