C’est les pieds dans l’eau que nous avons réalisé cette interview plutôt cocasse avec Mustapha Rezki dans les installations des Bains de Bruxelles. L’atmosphère est moite et les enfants courent et s’amusent tout autour de nous dans un vacarme réjouissant. C’est ainsi que le secrétaire du club d’Anneessens occupe certaines de ses soirées lors des cours de natation organisés par le club. Après avoir été joueur, membre de staff, dirigeant, animateur, voilà Mustapha maître-nageur. Il faut dire que, à son image, le club d’Anneessens s’est énormément diversifié ces dernières années pour proposer de nombreuses activités différentes à tous les Bruxellois.
« Quand certains politiques parlent sans arrêt de futsal comme une certaine à Molenbeek, cela me donne de l’urticaire, confie-t-il même d’emblée. Laissez-nous faire autre chose. Les enfants bruxellois ont aussi le droit de faire du hockey, du yoga et de la natation. Je suis un enfant du futsal, un sport qui m’a apporté énormément, mais pour moi nous devons proposer autre chose aussi aux jeunes de notre quartier. »
Une idée à laquelle la formation s’est ouverte il y a un peu plus de six ans à la suite d’une première entrevue avec Alain Courtois, l’ancien Echevin des sports de la Ville de Bruxelles. « Il nous a dit d’emblée qu’il n’aimait pas trop le futsal et nous a dit que nous devions nous diversifier dans nos activités, se souvient Rezki. Sur le coup, on l’a mal pris et on s’est demandé ce qu’il racontait. Ce n’est qu’ensuite que nous y avons réfléchi et dans le fond, il avait raison. »
« L’aspect social est le fondement de notre club »
Après le futsal, Anneessens se lance donc dans des cours de psychomotricité, de natation, des stages sportifs ou encore du yoga. Le projet est clair : proposer des activités variées et abordables aux jeunes du quartier. « Nous avons des enfants dyslexiques, des hyperactifs, certains qui souffrent de trouble de l’attention et des enfants autistes, précise-t-il. Nous voulons leur donner des outils pour mieux se préparer à l’école et à la vie de manière générale. Ainsi, tous les deux ans, nous allons tenter de proposer de nouvelles activités. La prochaine fois, nous développerons peut-être un art martial ou du hockey. J’aimerais en lancer à Anneessens. Les jeunes de Bruxelles ne connaissent pas ce sport et ça me désole. Il ne touche qu’un seul public. Ce côté social qui avait été lancé par le père Philippe (ndlr : fondateur du club) est le fondement d’Anneessens. Le futsal est un vecteur social qui nous permet de toucher à énormément d’autres choses. En cela, nous sommes plus qu’un club. »
De son côté, l’éducateur et joueur compte bien continuer à se diversifier dans son approche. S’il ne s’occupe plus du staff, il garde sa casquette de joueur et continue à s’investir dans son club de cœur. « C’est mon club et je ne pourrais plus jouer ailleurs, même si on me propose un pont d’or. Je le fais par passion, parce que nous avons un vrai rôle à jouer en venant en aide à un public défavorisé », conclut-il avant de rejoindre les enfants occupés à barboter joyeusement. Pour certains, 2019 ne se résumera pas à des résultats sportifs, ce sera bien plus que ça.
M.G., In La Capitale, vendredi 11 janvier 2019.