En 2015, le ministre René Collin (cdH), en charge des Sports à l’époque, annonçait en grande pompe que des subsides d’un peu moins d’ 1,2 million d’euros allaient être alloués pour les travaux du club. Un projet comprenant la réalisation d’un nouveau terrain et d’un club house. Hélas, tout récemment, le club (les Blue Foxes) a appris une bien mauvaise nouvelle. Et voit tous ses rêves s’effondrer. « Comme vous le savez certainement, nous travaillons depuis 2012 sur notre projet d’infrastructures… 5 ans déjà… Après la liesse soulevée suite à l’annonce de René Collin lors de sa visite à Arlon en 2015 nous annonçant l’allocation de ces subsides et la ferveur enclenchée par le début du chantier en octobre dernier, voici qu’une mauvaise nouvelle nous met dans un désarroi complet. En effet, lors d’une réunion avec la ville d’Arlon, Idélux, Infrasport et le bureau d’études AUPa, nous avons appris que le projet prévu était irréalisable en l’état au vu de l’instabilité du terrain. L’étude des sols réalisée avant le lancement du projet était incomplète. Le chantier est donc à l’arrêt et sera abandonné », expliquent les responsables du club dans un communiqué à leurs membres.
André Balon, échevin des travaux à Arlon, confirme l’exactitude de ces informations. Et s’en désole. « Ce projet de l’Hydrion, c’est un projet que je porte depuis près de 15 ans. Et de le voir capoter ainsi, cela m’attriste terriblement. La déception du club est aussi grande que la mienne. »
Mais comment en est-on arrivé à une situation pareille ? Pour comprendre, il faut revenir quelques années en arrière. « Lorsque le complexe commercial de l’Hydrion a vu le jour, l’Adeps a perdu sa barrière verte. Nous avons donc lancé ce projet de créer une zone verte en plein Arlon. La première étape, c’était de rendre la Semois propre. C’est fait. La seconde, c’était d’aménager 23 Ha de terrain. Vaste projet, très complexe, explique l’échevin. Pour réussir ce projet, la Ville d’Arlon a désigné comme maître d’ouvrage délégué Idélux. Qui a lancé un marché de service. C’est le bureau AUPa, de Verviers, qui l’a obtenu. C’est donc à ce bureau d’aménager les 23 Ha pour créer un agoraspace, un espace pour rollers, une aire de pique-nique, des sentiers VTT, etc. Et donc, un terrain de hockey puisque nous avons un club qui compte 400 membres à Arlon. Terrain qui serait accompagné d’un club house. Coût total : 1,5 million d’euros, subsidiés à 75 % par Infrasports (Région Wallonne), à 12,5 % par la Ville et à 12,5 % par le club. »
Et puisque René Collin avait promis les subsides (promesse confirmée par le Ministre Furlan qui avait repris les compétences de Collin), le projet semblait sur les rails. Et a été mis à l’adjudication : Batifer remporte le marché pour 1,480 million d’euros HTVA et l’ordre de service est donné.
Et puis patatras : Batifer demande que l’on sonde le sol afin de connaître la nature exacte du terrain. La Ville y consent, paie l’étude, mais déchante très vite : « On se rend compte que la nature du terrain est telle qu’il est impossible de mettre en œuvre ce qui est prévu, soupire André Balon. Qui convoque tout le monde à une réunion de crise. « Les réunions se multiplient, avec Infrasport, Idélux, la Ville, le club… De ces réunions ressortent plusieurs choses que je vais résumer en une phrase : on va y perdre beaucoup, beaucoup d’argent. »
En clair : plusieurs centaines de milliers d’euros. André Balon détaille : « L’avenant, c’est-à-dire l’argent qu’il faut débourser pour régler le problème, dépasse les 15 % que la loi sur les marchés publics permet. Autrement dit : on n’a plus de marché public. De plus, l’entreprise peut demander des indemnités de retard. On va devoir changer de terrain : on perd donc le permis. On a de sérieux problèmes avec Idélux. Et j’en passe. C’est très fâcheux, pour ne pas dire autre chose », râle-t-il. « Je déteste passer pour un imbécile ! J’enrage : on repart à zéro. La seule bonne nouvelle : le subside n’est pas perdu. »
Du côté du club, le président Olivier Sélis rejoint l’échevin André Balon : « La déception est immense. On réfléchit à des solutions. Mais pour l’heure, on n’en voit pas. C’est rageant. D’autant que cela fait cinq ou six ans que l’on suit le projet de près. »
Romain Goffinet, In Sud Presse, mercredi 1er mars 2017.