Ce dimanche, Felix Denayer a vécu une journée toute particulière lors de l’entame de la World League, à Brasschaat. Il disputait, en effet, son 200e match sous le maillot national, sur le terrain du Dragons, le club de ses exploits. « C’était tout simplement exceptionnel de pouvoir jouer, à domicile, devant plus de 6.000 personnes. L’explosion du public après notre Brabançonne a cappella m’a procuré d’énormes frissons. »
Et si le médian anversois aurait souhaité offrir un premier succès à ses supporters lors de ce duel face à la Grande-Bretagne, il est bien conscient que les Red Lions pouvaient, au final, se satisfaire du résultat vu la physionomie de la rencontre. « C’est exact que notre prestation de dimanche était loin d’être parfaite et qu’il reste une série de détails à améliorer. Mais nous avons tout de même conservé une bonne organisation pendant quasi soixante minutes. Nous avons encore de la marge pour atteindre notre meilleur niveau. Mais cela ne nous inquiète pas. Nous savons que nous allons progresser au fil des rencontres.»
Car, même si la Belgique est parvenue à recoller au score dans le dernier quart-temps, elle a tout de même semblé fébrile lors des cinq dernières minutes. « J’étais sur le banc à ce moment-là. Il est donc compliqué pour moi de donner mon avis sur cette perception. Le sentiment que l’on peut éprouver sur, ou en dehors du terrain, est toujours très différent. La rencontre pouvait surtout basculer d’un côté comme de l’autre et nous ne souhaitions donc plus trop nous exposer aux contre-attaques britanniques. »
Les attentes et donc la pression augmente
Et, si au final, ce partage est satisfaisant pour les deux nations, beaucoup rêvaient d’un tout autre départ pour les Red Lions. Les supporters attendent énormément de ce tournoi et se voient déjà sur plages de Rio de Janeiro. La pression sur le groupe risque donc de s’accentuer au fil des jours. « C’est exact qu’il existe une pression de plus en plus forte sur les épaules de cette équipe, admet le métronome anversois. Mais celle-ci puise également son origine à l’intérieur du noyau car nos attentes et nos ambitions sont plus élevées, de mois en mois. Cette équipe est extrêmement talentueuse et elle se rapproche du sommet mondial. Il est donc faux d’affirmer que la pression provient exclusivement de l’extérieur, que ce soit de nos supporters ou même des médias. Nous avons tous choisi d’effectuer de nombreux sacrifices pour atteindre nos objectifs. Il est donc naturel que la tension et le stress soient plus importants. »
Accompagnés par leur préparateur mental, Jef Brouwers, les Lions ont appris à vivre avec cette pression inhérente à leur nouveau statut. « Il est tout à fait naturel et humain de ressentir cette peur de l’échec. Le joueur qui dit le contraire se ment à lui-même. Il faut surtout parvenir à contrôler ses craintes et les transformer en énergie positive. Quand tu domptes ta peur, cela te rend plus fort au moment d’affronter les coups durs et les épreuves. »
Lors de la dernière Coupe du monde et pendant le Champions Trophy, le groupe avait d’ailleurs reconnu qu’il leur restait encore du chemin à parcourir au niveau de la préparation mentale afin de gérer plus sereinement les moments cruciaux lors des tournois. « Nous avons beaucoup travaillé sur cet aspect particulier lors de notre séjour en Afrique du Sud, conclut Felix Denayer. Nous avons véritablement osé nous dire les choses lors de ce stage. Nous nous sommes regardés dans le blanc des yeux et nous avons mis tout à plat. C’était salutaire pour le groupe. Nous avons tous le même objectif même si parfois nous empruntons des chemins différents pour y parvenir. Mais nous voulons tous participer aux Jeux de Rio. Nous avons toujours formé un bon groupe même si nous hésitions, parfois, à nous critiquer les uns les autres pour éviter de déstabiliser l’équipe. »
Face à la Chine, la Belgique va maintenant pouvoir se concentrer sur son jeu et soigner le spectacle face à la 31e nation mondiale. De quoi gagner en confiance et monter en puissance pour la suite de la compétition.
Laurent Toussaint, In Le Soir, lundi 22 juin 2015.
Photo : Marc Lequint.