C’est depuis notre pays qu’Alexandre De Saedeleer a assisté à la contre-performance de ses coéquipiers lors du Champions Trophy, à Bhubaneswar. Il a donc eu tout le loisir de prendre du recul et d’analyser les prestations de ses partenaires lors du tournoi indien. Le défenseur brabançon a tiré des leçons de cet échec et a décidé, le week-end dernier, de ranger définitivement son stick au vestiaire, au niveau international, après 185 sélections et sept magnifiques années sous le maillot des Red Lions. « Je comptais poursuivre ma carrière internationale jusqu’aux Jeux de Rio mais j’ai pris conscience, au cours de ces dernières semaines, que l’équipe nationale demandait un engagement total pour poursuivre la progression vers le sommet mondial. Malheureusement, je ne pouvais plus me permettre cet investissement, en parallèle de ma carrière professionnelle qui prend un nouveau virage avec de de plus grandes responsabilités. Il devenait donc impossible de combiner les deux projets de front. »
A 27 ans, Chouchou a donc décidé de faire un pas de côté après avoir mis, sereinement, tous les éléments en perspective. « La carrière internationale exige une disponibilité quasi-totale durant six à huit mois pendant l’année. Il n’y a plus de temps morts avec la multiplication des tournois. Ce n’est pas un hasard si nous ne sommes que deux, Jérôme Truyens et moi, à jongler entre carrière professionnelle et sportive.»
Alexandre De Saedeleer a tout vécu avec les Red Lions : deux Jeux Olympiques (dont ceux de Pékin, comme premier remplaçant), une Coupe du monde, quatre Championnats d’Europe. Depuis ses débuts en 2007, peu avant l’Euro à Manchester et la qualification historique pour les JO de Pékin, le Brabançon a participé activement à cette progression fulgurante dans la hiérarchie mondiale. Il peut donc analyser sereinement les prestations en demi-teinte du Champions Trophy et pointer les carences observées au cours de ces derniers mois.
« Depuis l’Euro 2011, nous avons décroché de nombreux succès et nous avons surfé sur une vague positive sans jamais subir de réelle contre-performance. Mais les derniers résultats enregistrés en Coupe du monde et au Champions Trophy ont mis en lumière certains manquements. Il faut donc modifier, rapidement, notre manière de travailler. Les joueurs doivent en faire beaucoup plus. Si on compare nos prestations à celles de l’Australie et de l’Angleterre, par exemple, on se rend compte que ces nations évoluent bien plus rapidement que nous. En soi, cette huitième place en Inde n’est pas bien grave. Mais que fait-on maintenant pour remédier à nos faiblesses ? »
Un constat partagé naturellement par d’autres joueurs du noyau qui, au moment de rejoindre la Belgique, après le séjour indien, ont eux-aussi déclaré qu’il était grand temps de se retrousser les manches. « Le potentiel est bien présent dans le noyau, cela ne fait aucun doute, poursuit Alexandre De Saedeleer. Mais les joueurs ont pris une claque lors du Champions Trophy. Terminer à cette dernière place du classement a fait mal à tous les joueurs. La fierté est touchée et cela implique une réaction. Il y a eu un déclic et, pour la première fois, peut-être, une véritable prise de conscience. Tout le monde est, aujourd’hui, lucide sur le fait que l’on ne s’entraîne peut-être pas assez par rapport aux autres équipes. La demande d’augmenter le nombre de séances hebdomadaires vient donc du groupe et pas du staff. Ce changement de méthode de travail doit permettre de progresser aussi rapidement que nos concurrents. »
Il n’est donc pas trop tard pour changer son fusil d’épaule. Le stage de deux semaines programmé, fin janvier, au Cap, sera la première étape de cette remise en question. « Nous sommes clairement arrivés à la croisée des chemins. Les derniers résultats ont prouvé qu’il fallait passer à la vitesse supérieure. Il devient extrêmement compliqué de combiner vie professionnelle ou scolarité avec hockey de haut niveau. L’équipe nationale doit être la priorité des joueurs. Pour atteindre les objectifs fixés au cours de ces prochaines années, il faudra mettre les bouchées doubles. »
Laurent Toussaint, In Le Soir, mardi 23 décembre 2014.
Photo : FIH