Les Red Lions sans coach à un an de Rio

Même si les bruits de couloirs étaient de plus en plus insistants depuis quelques semaines, l’annonce conjointe des départs des deux sélectionneurs nationaux a fait l’effet d’une véritable bombe. Si la rupture entre Pascal Kina et ses Panthères était déjà bien entamée depuis l’échec de Brasschaat et la non-qualification pour les Jeux de Rio, le divorce soudain entre Jeroen Delmee et ses Lions en a surpris plus d’un. Genèse de deux séparations aux causes bien différentes.

Malgré la qualification de l’équipe belge lors de la World League, à Anvers, au début de l’été, cela fait bien longtemps que les Red Lions ne parviennent plus à convaincre et à séduire. Décevants lors de la dernière Coupe du monde, transparents lors du Champions Trophy, en Inde, et inconsistants lors du championnat d’Europe, à Londres, il y a quelques semaines, le fossé semblait se creuser de plus en plus distendu entre un coach qui ne parvenait pas, ou plus, à trouver les clés pour relancer son groupe et des joueurs, incapables de se sublimer sur le terrain lors des matchs clés et des moments décisifs. Il était donc impératif de réagir, et vite, à moins de dix mois de l’entame des Jeux de Rio.

Au cours de ces dernières semaines, le Néerlandais a procédé à l’évaluation de ses ouailles. Mais il a également poussé l’exercice plus loin en analysant son ouvrage à la tête du groupe. Et sa conclusion a été sans appel. Il a décidé d’assumer pleinement ses responsabilités en abandonnant le poste de sélectionneur national. « La Belgique est très ambitieuse pour les Jeux 2016, mais le constat est très clair. Les résultats de ces deux dernières années et la progression de cette équipe ne sont pas suffisants. Il est donc évident qu’un changement est né- cessaire pour permettre au groupe de pouvoir réaliser ses rêves. Il est important de trouver une nouvelle approche plus en phase avec la culture belge. Mais je ne me retrouve pas à 100 % dans cette nouvelle direction pour mener l’équipe vers les JO. Ces dernières années, j’ai essayé de m’adapter à un environnement hockey différent. Mais je me rends compte que j’ai de plus en plus de mal à trouver l’énorme dose d’énergie nécessaire pour cela… »

L’ancienne star néerlandaise avait pris la succession de Marc Lammers, en juillet 2014, à l’issue de la Coupe du monde, elle aussi décevante. Il aura tenté durant 14 mois de s’adapter à une autre culture de hockey. Mais sans succès. Alors qui pour prendre la relève dès demain ? Philippe Goldberg, le T2 ? Beaucoup trop tôt. Pascal Kina ? Mauvais timing. Un étranger ? Très certainement. Mais qui ? Marc Coudron, le président de l’ARBH, et Bert Wentink, le High Performance Manager, ne devront pas trainer pour trouver la perle rare puisque la reprise des entraînements des Lions a été fixée à ce lundi 5 octobre.

Du côté des femmes, en revanche, la situation est un peu moins problématique. En effet, c’était un secret de polichinelle que la belle histoire d’amour entre les Panthères et Pascal Kina avait du plomb dans l’aile. Depuis la terrible déception de juin et la fin des rêves olympiques, les relations étaient devenues compliquées entre le Gantois et certaines cadres de l’équipe. La 5e place lors de l’Euro et les prestations peu convaincantes des Red Panthers, à Londres, compliquaient encore un peu plus les choses. Un nouveau départ était donc également nécessaire. « Cette décision a été prise d’un commun accord, reconnaît sans détour Pascal Kina. Nous n’étions plus sur la même longueur d’onde pour le futur. Enfin, les derniers résultats n’ont clairement pas été à la hauteur des espérances. Estce que c’est un soulagement ? Non, car ce n’est jamais agréable d’arrêter de cette manière une belle collaboration. J’ai passé cinq années très intenses à la tête de cette équipe. Nous avons vécu des moments extrêmement forts. » Il est donc temps de penser à la reconstruction d’un groupe qui devra être opérationnel, en juin 2017, afin de permettre à la Belgique d’assurer sa qualification pour la prochaine Coupe du monde et, ensuite, de tenter de décrocher son ticket pour les JO de Tokyo.

Laurent Toussaint, In Le Soir, vendredi 2 octobre 2015.

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