John-John Dohmen : « Mes équipiers le méritent tout autant »

Depuis ses débuts avec les Red Lions en 2005, John-John Dohmen a toujours été un véritable exemple. Travailleur acharné, il a franchi les étapes pour devenir le véritable maître à jouer des Red Lions. Il a tout vécu avec l’équipe nationale jusqu’à cette médaille d’argent aux JO de Rio, l’été dernier. Ce jeudi, à Chandigarh, en Inde, il a reçu la plus grande récompense individuelle lors de la cérémonie des Hockey Star Awards après avoir déjà été nominé en 2013 et 2015. Mais à 29 ans, le capitaine du Waterloo Ducks, Stick d’or en 2009, est à un tournant. Au sommet de son art, il a pourtant mis sa carrière internationale entre parenthèses après 339 sélections (il est le joueur le plus capé du Royaume) pour terminer ses études d’ostéopathie.

John-John, cette récompense constitue-t-elle une surprise ?
« Oui, bien entendu. Et ce, même si j’avais déjà été nominé la saison dernière et que j’avais figuré dans le Top 10, en 2013. Je le prends réellement comme une consécration pour ma carrière et pour le parcours exceptionnel que nous avons réalisé, l’été dernier, avec les Red Lions, à Rio. A ce niveau, il n’y a pas de favoris pour une telle récompense. Mais c’est un réel honneur de m’imposer devant des joueurs comme Moritz Fürste ou Gonzalo Peillat. »

Lors de votre discours, vous avez immédiatement dédié ce prix à vos partenaires en équipe nationale.
« C’était une évidence. Les performances de la Belgique ont naturellement joué un rôle important dans le choix de la Fédération internationale de hockey. C’est un honneur que je veux partager avec mes équipiers. A mes yeux, ils le méritent tout autant que moi. C’est un privilège de jouer à leurs côtés. Ce trophée est une récompense pour une performance individuelle mais aussi collective. C’est l’ensemble du groupe qui s’est mis en évidence à Rio et qui est allé chercher cette médaille. »

Enfant, ou à vos débuts, vous aviez rêvé de cette récompense ?
« Jamais, je n’aurais pu rêver à cela. Je ne m’étais jamais projeté dans le futur. Mais, il faut également se remettre dans la réalité de l’époque. Il y a 12 ans, nous n’étions nulle part au niveau mondial. Nous voulions simplement évoluer au plus haut niveau. Et aucun Belge ne pouvait prétendre à ce titre. Mais nous avons franchi tous les paliers, un par un. Une qualification pour les JO, des médailles à l’Euro, un podium aux Jeux olympiques. Mais ma réussite est, aujourd’hui, un exemple concret pour les jeunes et pour les futurs internationaux. Ces titres et ces nominations sont venus avec le temps. »

Qu’est-ce que ce titre de meilleur joueur du monde va changer dans votre vie ?
« Honnêtement, je n’en sais rien. C’est simplement une fierté personnelle mais aussi collective avec le prix du meilleur espoir remporté par Arthur Van Doren. Nous avons marqué l’histoire du sport belge avec les Red Lions lors des JO. C’est une magnifique récompense pour les très nombreux sacrifices que j’ai effectués durant toutes ces années et que personne ne peut mesurer. Mais, sincèrement, on ne peut pas vivre du hockey en Belgique. On ne parvient pas à mettre de l’argent de côté pour plus tard. Donc je ne suis pas persuadé que cela va changer énormément de choses à mon quotidien. »

Mais cela va-t-il changer quelque chose concernant votre futur avec les Red Lions ?
« Non, cela ne changera rien à la donne. Je dois encore prendre ma décision. Je vais discuter de cela avec Shane McLeod. Mais je dois analyser tous les paramètres. Cette décision aura des conséquences sur ma vie familiale et professionnelle. Je termine actuellement mes études en ostéopathie. Je vais me marier au mois de septembre. Cela fait 12 ans que je joue en équipe nationale et je n’avais pas encore raté un stage ou un tournoi depuis mes débuts sous le maillot des Red Lions. »

Vous rêvez encore de disputer la prestigieuse India League dans les prochaines années ?
« Oui, naturellement, cela reste un de mes projets pour le futur. Mais je dois voir si possible et compatible avec mes autres objectifs. Je dois étudier tous les éléments afin de voir si cela vaut vraiment la peine. Je dois encore y réfléchir. Mais sincèrement, j’espère réellement pouvoir disputer la compétition un jour. »

Vous conservez toujours la même motivation quand vous montez sur le terrain ? En clair, un match avec le Watducks a-t-il la même saveur qu’avec les Red Lions ?
« Pour moi, c’est la même chose. Un match de hockey reste un match de hockey. C’est clair que parfois, au réveil, je me sens parfois un peu moins motivé pour me mettre en route. Mais une fois sur le terrain, la motivation et la volonté reste toujours intacte. Je veux toujours gagner. C’est pour cela que je suis aussi régulier dans mes prestations. »

Qu’est-ce que le hockey vous a apporté dans votre vie ?
« Enormément de bons souvenirs, des déceptions mais surtout un apprentissage inégalable pour aborder des situations de la vie de tous les jours. On apprend à travailler ensemble, à vivre en groupe, à accepter les remarques. On apprend aussi à gérer les échecs et les victoires. C’est la plus belle école de la vie. »

Laurent Toussaint, In le Soir, vendredi 24 février 2017.

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